«Le funiculaire mettra 63 secondes pour monter au Kirchberg»
Chantier inédit sous le Pont Rouge
D'impressionnants travaux de terrassement ont lieu depuis peu sous le Pont Rouge à Luxembourg. Le défi: construire une nouvelle gare au Pfaffenthal et le premier funiculaire du pays sur 70 mètres de dénivelé! Le chantier doit durer deux ans et demi et permettre aux navetteurs de « grimper » beaucoup plus rapidement au Kirchberg, fin 2017.
Impossible, dans le brouhaha du trafic et à travers la dense végétation de juin, d'apercevoir un peu de la poussière que soulèvent les engins juste-là, sous le pont Grande-Duchesse Charlotte. «Le» trait d'union qui relie le cœur de la ville de Luxembourg au Plateau du Kirchberg. Le long du Pont Rouge, sur l'abrupt talus qui relie la douce vallée du Pfaffenthal au grouillant quartier des affaires, a démarré, début mai, le pharaonique chantier de construction du funiculaire et d'une toute nouvelle gare sur le tracé de la ligne du Nord.
Endéans deux ans et demi, les CFL, vont réaliser, parallèlement, trois chantiers sur cette pente de près de 70 mètres de haut! Il s'agit de construire au-dessus des rails, la future gare (l'arrêt ferroviaire Kirchberg-Pfaffenthal) surmontée par la plateforme de départ du funiculaire, tout le tracé du funiculaire pour rejoindre le Plateau du Kirchberg et la station d'arrivée du funiculaire en amont, qui permettra de sauter dans le tram qui passera sur le Pont Rouge.
Quand il sera devenu opérationnel, «le funiculaire mettra 63 secondes pour monter au Kirchberg», assure Claude Brinck, chef du projet à la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois. Le temps nécessaire pour garantir la fluidité du trafic ferroviaire sur la ligne 10. «La charge maximale sera de 1.200 personnes par intervalle de dix minutes puisqu'aux heures de pointe, deux trains de 600 personnes chacun s'arrêteront à l'arrêt ferroviaire Kirchberg-Pfaffenthal», explique Norbert Leisch, le responsable technique du projet.
Aux heures de pointe, la future gare et le funiculaire pourront "digérer" un flux de 1.200 personnes toutes les dix minutes.
L'objectif de ce vaste projet est de rendre, à l'avenir, l'accès au Plateau du Kirchberg beaucoup plus évident à tous les usagers du train. «Ce sera un indéniable avantage pour ceux qui viennent du Nord. Et un train en provenance de la Gare centrale s'arrêtera ici toutes les dix minutes. Il ne faudra plus que trois minutes pour effectuer le trajet entre la Gare centrale et le nouvel arrêt. Au lieu de 25 minutes avec le bus aujourd'hui», résume Romain Meyer, le responsable de la Communication aux CFL.
La pente naturelle doit être rabotée de près de 16 mètres par endroits. (Photo: Maurice Fick)
Les CFL ont déjà planché sur les changements horaires qui interviendront en décembre 2017 après l'entrée en fonction du nouvel l'arrêt ferroviaire. Toutes les dix minutes un train passera dans chaque sens au Pfaffenthal. Et sans qu'ils soient obligés de changer de train à la Gare centrale, les usagers des TER lorrains, tout comme les frontaliers belges et allemands, pourront rester assis. Chaque heure, un TER se rendra directement sous le Pont Rouge. Il ira faire demi-tour à Dommeldange.
«Tout le projet sera prêt pour fin 2017», assure Claude Brinck, le chef de projet, tandis qu'un bulldozer se hisse péniblement sur la pente déboisée sur plusieurs dizaines de mètres de largeur. Les camions déboulent les uns derrière les autres pour évacuer les tonnes de terre et de roches par le haut. Impossible de stocker cette masse sur place, il faut l'emmener près de Strassen. Une partie, d'ailleurs, sera rapatriée en fin d'exercice pour recouvrir de terre la tranchée couverte sous laquelle passeront les deux voies de funiculaire.
Sur la pente, le challenge consiste à «enlever les bosses du terrain naturel pour créer un tracé rectiligne et en pente régulière. Par endroit, il y a jusqu'à 16 mètres de terre à enlever», commente Claude Brinck. Le funiculaire sera hissé par le jeu du contrepoids (le funiculaire qui monte est attaché par un câble à celui qui descend) et un peu d'énergie électrique, sur une pente de 200 mètres à 19,7%!
Claude Brinck, chef du projet aux CFL, assure que "tout le projet sera prêt pour fin 2017".
«Evidemment nous devons travailler avec un certain dénivelé et, pour l'heure, on n'a jamais construit de funiculaire au Luxembourg, mais la difficulté de ce chantier vient du fait que nous travaillons tout près d'une voie en service.
Soixante-dix mètres plus bas, d'autres pelleteuses et camions s'activent en contrebas de la ligne de chemin de fer. Depuis la rue Saint-Mathieu, au Pfaffenthal, «nous sommes en train de faire la piste de chantier pour que les camions puissent accéder ensuite à la voie ferrée», explique le chef du projet. Selon son plan de route, «les travaux de terrassement et les premiers travaux de fondation de l'arrêt ferroviaire seront réalisés d'ici fin de l'année. Et à la fin 2016, les gros œuvres seront finis».